La Compagnie Des Gens qui Content

Orca, un secret tu, tu l’dis, un secret dit, tu l’tues !

Publié le 19 Janvier 2022

Est-ce que tous les secrets doivent être dits ? 

Pourquoi le silence serait d’or et la parole d’argent ? Le silence a-t-il plus de valeur, plus de sens dans certaines situations ?

La parole serait si potentiellement dangereuse que la « sagesse populaire » nous recommande de tourner sept fois la langue dans notre bouche avant de parler !

Orca interroge pour nous la question des origines, de notre besoin humain de vouloir savoir d’où nous venons, comme si la connaissance de nos origines était non seulement un droit fondamental, mais un devoir familial de transmission, une condition sine qua non de notre appartenance à l’humanité.

Orca-sans-passé est une fondatrice parce qu’elle est contrainte, comme Semiramis, de s’inventer comme première de sa lignée ; paradoxalement, comme si rien avant elle n’avait existé. Semiramis nait de l’amour secret de Derceto (une sirène) et de Caystrus (un fils d’amazone). Derceto abandonne l’enfant à sa naissance, puis se suicide au milieu d’un lac. Mais le bébé, lui, est sauvé parce que des colombes l’aperçoivent et le nourrissent tous les jours en volant du lait et du fromage. Adulte, Semiramis devient chef des soldats, prend une citadelle et son trésor et fonde Babylone.

Peut-on vivre sans ancrage ? Sans histoire fondatrice ?

Orca répondrait que « non ». Ce spectacle est pour nous le récit d’une mission réussie, d’une quête menée à son terme par une héroïne que rien ne distrait, tant son besoin semble vital. Cette enquête, comme un chemin semé d’embuches est un voyage initiatique qui la trans-forme. Comme dans tout voyage, elle découvre des couleurs, des chants, des images qui la façonnent et lui permettent de créer sa propre chaîne de sens, de construire son identité d’aujourd’hui.

De l’imaginaire à la réalité, de la liberté féconde de l’absence à la sidération du manque, Orca surfe entre deux pôles, ballotée comme tous les humains : qui ne cherche pas d’où il vient ? Parce que d’où il vient est aussi un peu (beaucoup ?) de ce qu’il devient. Qui ne cherche pas sa place en ce monde ?

La fabrique d'une histoire

 

De l’imaginaire à la réalité, de la liberté féconde de l’absence à la sidération du manque, Orca surfe entre deux pôles, ballotée comme tous les humains : qui ne cherche pas d’où il vient ? Parce que d’où il vient est aussi un peu (beaucoup ?) de ce qu’il devient. Qui ne cherche pas sa place en ce monde ?

Enfin, de cette histoire émerge selon nous, l’urgence vitale à (s') inventer, à (se) fonder, à (se) créer. L’histoire d’Orca nous montre une des multiples stratégies de survie que chacun-e peut déployer pour exister pleinement quand tout ou partie de son histoire lui manque.

S’il part d’un récit de vie en partie autobiographique, ce spectacle ouvre des fenêtres sur l’imaginaire : c’est l’histoire d’une histoire qui s’invente sous nos yeux… une histoire d’ogresses, de fées, de folle lignée, de sang et d’exil…

Que choisit-on de retenir de ce qu’on nous dit pour refabriquer une « belle histoire » ou une « histoire forte » ?

Parce que si chacun, au fond, peut s’inventer son histoire, autant qu’elle soit belle et forte !

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